Histoire de Longue-Pointe-de-Mingan


Texte de Mélanie Kavanagh et Joyce Chambers en collaboration avec Guy Côté

Origine des premiers habitants

Durant sept mille ans, les Amérindiens et les Inuits se partagent le territoire de la Minganie. À la suite d'une guerre, les deux nations se séparent et les Amérindiens repoussent plus au nord les Inuits pour ainsi occuper seuls le territoire pendant de longues années.

La présence des premiers " blancs " est attestée à partir du XVe siècle. Ces hommes viennent dans la région du Golfe du Saint-Laurent pour chasser la baleine et pêcher la morue. Ils sont Basques, Bretons, Portugais, etc.

En 1534, Jacques Cartier franchit le détroit qui porte aujourd'hui son nom. Son voyage marque le début de la Nouvelle-France. En 1630, le Roi de France divise son " nouveau " territoire en seigneuries et en concessions afin d'assurer sa présence de façon permanente sur l'ensemble du nouveau pays. C'est à partir de 1760, année de la conquête anglaise, que la Nouvelle-France devient la Nouvelle-Angleterre, passant ainsi de mains françaises à un joug britannique.

En 1802, le territoire est cédé à la compagnie du Nord-Ouest. Celle-ci se fusionne à la compagnie de la Baie d'Hudson en 1821. La compagnie de la Baie d'Hudson a le droit exclusif sur la traite des fourrures et sur l'exploitation des rivières à saumon. À cette époque, seulement trois postes de traite sont présents. Il y en a un à Sept-Îles, un à Mingan et un à Natashquan. Cette même compagnie va même jusqu'à interdire toute installation de pêcheurs sur le littoral des îles et de la côte.

Durant la même période, en Gaspésie, la puissante compagnie Charles Robin (firme jerseyaise) exporte de la morue sèche en Europe et en Amérique du Sud. Voyant ses prises diminuer dans la Baie-des-Chaleurs, la compagnie ne tarde pas à exercer des pressions auprès des instances gouvernementales pour obtenir l'abolition du monopole de la compagnie de la Baie d'Hudson sur la Côte-Nord. C'est donc à partir de 1853 que le peuplement libre dans la région est permis.

De 1853 à 1870, différents comptoirs de pêche apparaissent le long de la côte. Notons entre autres les compagnies Charles Robin, Le Boutillier, Fruing et Collas. Ces compagnies se trouvent autant sur la Basse que sur la Moyenne Côte-Nord. Les patrons de ces compagnies étaient originaires des îles Jersey et Guernesey. Ces îles sont situées dans le canal de la Manche, entre la France et l'Angleterre, à l'ouest des côtes de la Normandie.

Mis à part les compagnies, certains entrepreneurs indépendants s'installent à Longue- Pointe, la firme Robin prenant cependant le dessus quelque temps plus tard. Il y a aussi quelques marchands itinérants. La Robin demeure sur la côte durant 60 ans tandis que la Le Boutillier y reste pendant 70 ans. Le déclin de la ressource, en l'occurrence la morue, et la crise économique provoquent le départ de ces grandes compagnies.

On sait que la compagnie de la Baie d'Hudson détient un monopole sur le territoire jusqu'en 1853. Par contre, les textes de l'époque mentionnent que c'est à partir de 1849 qu'un gaspésien s'établit sur cette pointe de sable de deviendra Longue-Pointe-de-Mingan. Ce serait aussi vers cette date que d'autres endroits de la Minganie commencent à être habités.

Les premiers habitants seraient débarqués à Mingan, mais ils se seraient fait chasser par les employés de la compagnie de la Baie d'Hudson. Se faisant, ils se seraient d'abord installés sur l'île du Havre de Mingan pour ensuite se rendre le long du littoral. La première famille du village est celle de Thaddé Leblanc.

Longue-Pointe-de-Mingan est donc un village de pêcheurs. Ces derniers s'y installent et survivent grâce au troc qu'ils pratiquent avec les grandes compagnies présentes au village ou à proximité de celui-ci.

En premier lieu, le village était situé un peu plus à l'est de la position qu'il occupe aujourd'hui. Aux alentours des années 1878-1879, une épidémie de petite variole (picote noire) cause le décès de plusieurs habitants du village. Les gens qui échappent à cette terrible maladie " déplacent " le village à l'emplacement actuel. Les seules reliques de cet ancien site sont le cimetière des picotés, le cimetière des protestants et quelques fondations de maisons aujourd'hui recouvertes par la végétation. Pour ce qui est du cimetière des protestants, les épitaphes (trois au total) ont été détruites à une certaine époque. Par respect pour la famille, ces épitaphes ont été refaites et elles sont présentement dans le cimetière du village.

Il est à noter ici qu'à la connaissance de plusieurs personnes du village, un seul homme serait décédé dans la religion protestante. La plupart des pionniers protestants se sont convertis à la religion catholique lors des missions effectuées par les missionnaires eudistes.

La pêche


La pêche est la seule forme d'économie connue durant plusieurs années. Cette activité se pratique de la fin mai au début septembre. Les grandes (deux ou trois mâts) et les petites (un seul mât) barges sont longtemps utilisées pour pêcher la morue. Au début du siècle, la construction d'une barge coûte environ 100 dollars.

Il y a deux sortes de pêche à l'époque : celle d'été et celle d'automne. La pêche d'été dure environ 3 mois. La morue obtenue durant cette pêche se vend par quintal aux compagnies siégeant au village. Un quintal équivaut à 112 livres de morues. La pêche d'automne, quant à elle, s'étend sur un mois et demi. Les produits sont réservés pour la famille du pêcheur.

À cette époque, la pêche n'est pas chose facile. Plusieurs difficultés rendent cette activité particulièrement ardue. Pensons entre autres à la difficulté de trouver les bancs de poissons. Lorsqu'il vente ou que les courants sont très forts, c'est tout un périple que de se rendre au banc de pêche à la rame car, ne l'oublions pas, le moteur n'existait pas à cette époque. Et il n'est pas rare de faire plus de 30 kilomètres afin de se rendre au fond de pêche. Ce n'est qu'en 1918 que le premier moteur fut importé par la Robin. Aussi, ce n'est pas le pêcheur qui décide du prix de sa récolte. Ce sont les compagnies qui s'occupent de fixer le prix du quintal. Inutile de dire que celui-ci était loin d'être à l'avantage du pêcheur... Voici quelques exemples de prix de quintal selon diverses années.

En 1869, un quintal se vend 2,60 dollars.
En 1901, 4,25 dollars
En 1920, 4,83 dollars
Une très bonne saison de pêche peut alors rapporter environ 150 quintaux de morue, ce qui équivaut à 16 800 livres de morue. Mais les bonnes saisons sont plutôt rares.

Au moment de la vente, on classe la morue en deux catégories. Il y a la morue marchande et la colle. La première est la plus rentable, car c'est de la morue sans coupure ni tache et qui n'est salée que très légèrement. Quant à la colle, c'est celle qui était mal préparée ou brûlée par le sel. Cette dernière ne rapporte pas grand-chose.

La saison de pêche débute avec l'arrivée du capelan en mai. Ce petit poisson sert de " bouette " pour les pêcheurs. Le terme bouette désigne les différents appâts utilisés pour la pêche à la morue. Les pêcheurs en utilisent en moyenne 40 livres par jour. Mais bien que la morue vienne de mai à septembre, la bouette, elle, n'est là qu'à un moment précis. Le hareng et le lançon (en juillet) sont aussi utilisés comme bouette.

Bien que le capelan serve principalement de bouette, il est aussi utilisé comme nourriture et ce, autant pour l'homme que pour les chiens. On le fait sécher pour le conserver plus longtemps ou pour le vendre. Ce poisson sert également à engraisser les champs de patates. Le capelan s'avère encore aujourd'hui un vrai régal pour les gens de la Minganie.

La pêche n'est pas qu'une activité d'homme. Bien que ce soit eux qui vont en mer, les femmes en ont autant à faire dans cette corvée. Lors de l'arrivée des hommes, il faut découper, laver et trancher la morue. Les femmes aident à cette tâche. Ensuite, ce sont les hommes qui salent la morue tandis que les femmes s'occupent de la faire sécher. Ce n'est pas tâche facile, car la qualité de la morue est très importante. On ne peut pas se permettre de faire une erreur !

À la fin de la saison, on remise les barges pour l'hiver. À la période de la pêche succède le temps de la chasse. Mais avant de partir dans les territoires de chasse situés plus au nord, quelques tâches doivent être faites avant la tombée des premières neiges. On récolte le foin pour les animaux. Le foin provient soit des îles, soit des lacs situés au nord du village. On doit aussi récolter les patates dans les jardins. Le bois de chauffage est fendu cordé dans les maisons. Finalement, on calfeutre les maisons et les étables.

La chasse


On chasse tout ce qui peut se manger. Voici une brève liste des animaux susceptibles d'être chassés : porc-épic, loup-cervier, castor, rat-musqué, lièvre, perdrix, écureuil, outarde, eider à duvet (moyac), kakawi, bec-scie, macreuse (petit noir), canard, gode, macareux, sarcelle, garrot, huard, sterne, bécasseaux, harfang des neiges(hibou blanc), bruant des neiges(petit oiseau blanc d'hiver), jeune goéland.

Avant le début du siècle, la chasse dure seulement un ou quelques jours. Les territoires adjacents au village ainsi que les îles étant très utilisés. Ces dernières sont exploitées principalement pour les oiseaux sauvages et le renard. Fait important à noter, les îles à Bouleaux sont classées sanctuaire depuis fort longtemps. La chasse y est donc interdite. Cependant, il n'y a pas beaucoup de moyens à l'époque pour enrayer le braconnage ! Il n'y a plus de sanctuaire depuis 1962, la ressource à protéger est disparue.

L'expansion commerciale des pelleteries fait augmenter l'importance de la chasse. La compagnie de la Baie d'Hudson et la Révillon et frères achètent les fourrures aux chasseurs et aux trappeurs. Dû à l'expansion que prend le marché des fourrures, les voyages de chasse se prolongent au fil des années. Aussi faut-il ajouter que plus il y avait d'adeptes, moins il y avait d'animaux près des villages. Les hommes doivent donc se rendre dans vers des territoires de plus en plus reculés afin de faire une chasse rentable. La plupart du temps, les hommes partent de septembre à décembre, revenant ainsi pour la période des Fêtes. Ils repartent ensuite de janvier à avril. Un peu plus tard, il arrive que certains passent Noël dans les bois pour ne descendre au village qu'au printemps. Ces longs voyages en principalement cours dans les années trente.

Les chasseurs peuvent se rendre jusqu'au lac Brûlé qui se trouve à plus de 200 milles dans le nord. Pour s'y rendre, il faut compter environ un mois et demi. Le chemin comprend 52 portages. Étant donné que les chasseurs partent avec beaucoup de marchandises, le trajet se fait dans un aller-retour continuel. Ils avancent jusqu'à un point prédéterminé, déposent le bagage, rebroussent chemin pour chercher l'autre partie de la cargaison et remontent jusqu'à leur premier arrêt. Contrairement à l'aller, le retour se fait " rapidement ", soit en quinze jours seulement. La neige et la glace facilitent de beaucoup le transport des peaux. Les chasseurs partent toujours deux par deux.

Un peu à l'instar de la pêche à la morue, la chasse se divise en saison. Il y a la chasse d'automne, celles d'hiver et de printemps. La première des trois, celle d'automne, couvre la période de septembre à décembre. On y chasse principalement le castor, le loup-cervier, le renard, le vison, la belette et le loup. C'est au début de cette chasse que l'on procède au boucanage des pièges en acier. Pour ce faire, les chasseurs font un feu de camp. Ils prennent ensuite des branches de sapin encore vertes qu'ils déposent dans le feu. Une boucane blanche s'en dégage et ils y plongent les pièges afin de leur faire perdre toute odeur humaine. Ils vont même jusqu'à manipuler les pièges avec des gants.

La chasse d'hiver se déroule après les Fêtes. Certains chasseurs retournent dans les territoires du nord tandis que d'autres courent le renard sur les îles. Cette chasse se passe presque exclusivement sur les îles à Bouleaux, les îles sanctuaires. Il faut alors user de prudence et de ruse, car monsieur Georges Maloney, garde-chasse, est à l'affût de toute activité dans ces îles. Les autres îles visitées sont l'île Nue de Mingan, l'île de Chasse (Grande-Île) et les îles aux Perroquets. La chasse d'hiver se déroule quand il y a des glaces sur la mer. Les hommes peuvent donc se rendre sur certaines îles à pied lorsque les glaces relient îles et littoral.

Quand la glace semble moins fiable, on sort les canots. À partir de ce moment, beaucoup plus d'îles sont accessibles. On se met alors à chasser le gibier, le rat-musqué et l'outarde. Cette période est appelée chasse de printemps. Ce temps de l'année signifie l'adoucissement de la misère.

Les chantiers


Au début du siècle, l'industrie papetière prend une très grande expansion. Plusieurs chantiers se forment dans différentes localités de la Côte-Nord. Notons entre autres Clark City, Anticosti, Port-Cartier, Baie-Trinité. Les habitants du village vont aux chantiers durant l'hiver. Certains délaissent complètement la chasse pour se consacrer à ce nouveau travail alors que d'autres partagent l'hiver entre ces deux activités. Étant donné qu'il faut compter sur la chance pour faire fortune à la chasse, les chantiers sont beaucoup plus prisés. De plus, les travailleurs n'y amassent pas de dettes. Ils obtiennent de l'argent comptant en récompense d'un travail physique.

L'armée


La seconde guerre mondiale a un impact primordial sur le développement de la région de Mingan. En effet, la présence de l'armée américaine entre 1942 et 1949 dans la localité de Longue-Pointe amène un essor économique incroyable. Les résidents locaux accueillent favorablement l'implantation des installations militaires. L'armée investit d'ailleurs énormément. On pense entre autres à la construction de l'aéroport à Longue-Pointe, du quai à Mingan et de la route reliant Rivière-Saint-Jean à Mingan. Les gens de la place n'hésite pas à dire que les Américains ont fait plus pour eux au cours de la guerre que les gouvernements provinciaux et fédéraux.

La base de Longue-Pointe fait partie intégrante de la route de Crimson qui permet d'assurer le transport des avions de combat (bombardiers moyens et chasseurs à large rayon d'action) en destination de la Grande-Bretagne. Pendant la guerre, 35000 appareils franchissent l'océan Atlantique par cette entremise. La création d'un aéroport militaire à Longue-Pointe répond en fait au désir des autorités américaines de se munir d'installations d'urgence favorisant le transport des avions de combat entre la base de Presque Isle au Maine et celle de Goose Bay au Labrador. Par la position intermédiaire qu'elle occupe entre ces deux points stratégiques, la base de Longue-Pointe représente donc un relais indispensable à la poursuite des objectifs militaires américains. Les responsables de l'Aviation royale canadienne voudraient bien que la base soit construite à Sept-Îles, mais l'armée américaine s'en tient à ses plans. La situation géographique de Longue-Pointe est un argument de poids !

La base a en fait pour fonction de repérer les incursions des sous-marins allemands, de poursuivre les objectifs de la route de Crimson et d'organiser des expéditions de sauvetage s'il y a lieu.

C'est alors que quelques expéditions de reconnaissance ont lieu afin de sonder le terrain et de déterminer l'emplacement du futur aéroport. Les installations sont identifiées par le nom de projet Mercury et par la suite sous le nom de code de Tweed Field. Mis à part la construction de l'aéroport, d'autres bâtiments sont construits (édifice de transmission radio, centre de télécommunication, station météorologique, centrale électrique alimentée au diesel, baraquements, salle de rassemblement). Les travaux de construction apparaissent définitivement achevés en décembre 1943. Par la suite, on installera un édifice des opérations, une infirmerie, une chapelle-théâtre, un magasin, un bureau de poste, une salle des gardes, des garages et des entrepôts. Les opérations militaires de la base commencent officiellement le 28 août 1943. Avant de s'installer officiellement dans les baraquements de la base, les soldats habitent au village. Ils évacuent l'ancienne " Green House " le 18 mars 1943.

L'établissement de la base militaire fournit évidemment aux résidents l'occasion d'entrer fréquemment en contact avec les troupes américaines. Les villageois convient d'ailleurs les soldats à une chaleureuse réception lors de leur arrivée. Les autorités militaires encouragent le développement de relations étroites avec la population du village, laquelle représente un moyen privilégié de remédier à l'isolement ressenti par les troupes américaines. Les habitants sont donc invités à assister aux représentations cinématographiques et aux soirées de danse mensuelles. En outre, un service d'autobus fait même le trajet trois fois par jour du village à la base et les résidents des villages environnants peuvent même recourir aux services du médecin de la base à tarif réduit. Il y a donc une grande collaboration entre la population et les militaires.

À la fin de la guerre, les effectifs militaires sont réduits au minimum. Les opérations militaires cessent progressivement à compter de mars 1947. La station météorologique reste en fonction jusqu'en 1950. Le quai est restitué au ministère des Travaux publics la même année et il en est ainsi pour l'aéroport qui deviendra la propriété du ministère canadien des Transports.

Certaines traces du passage des américains étaient toujours visibles jusqu'à très récemment. Parmi celles-ci, notons la présence d'une courbe en " S " dans le chemin qui relie Longue-Pointe à Mingan, le Croche à la mélasse. Le " Croche " est baptisé ainsi parce qu'un accident a lieu à cet endroit en 1954. Un camion qui allait trop vite dérape et se retrouve dans le décor. Il a à son bord 90 gallons de mélasse. Lors du déversement, un homme est englouti dans celle-ci. Des soldats transportent le malheureux à l'hôpital de l'armée. Construit en 1944-1945 par l'armée américaine, le " Croche " est pensé de la sorte (en " S ") afin que les soldats américains puissent se défendre contre les ennemis en les surprenant dans la première courbe.

La Carrière (endroit que l'on retrouve dans les chemins de terre à l'arrière de Longue-Pointe) — que l'on connaît encore aujourd'hui — sert alors au " gravellement " des pistes de l'aéroport. Le radio range (prononcé rinch à Longue-Pointe), situé entre Rivière-Saint-Jean et Longue-Pointe, est à cette époque un endroit secret. Un gros câble souterrain le reliait à la base de Longue-Pointe.

Utilisation des îles


À une certaine époque, la vie devient très difficile pour les familles de pêcheurs de la côte. Tout est exploité afin de survivre l'année durant. Les îles n'échappent pas à ce mode de vie et avec raison, car elles regorgent de toutes sortes de richesses. Très appréciées pour la chasse, les îles apportent aussi aux familles une quantité incroyable d'œufs. Mai est alors la période par excellence pour cueillir les œufs de moyacs, de sternes, de mouettes tridactyles, de goélands et de canards. Afin de les préserver le plus longtemps possible, on garde les œufs dans une saumure composée de sciures de bois et d'eau salée, le tout étant déposé dans les caves des maisons.

Succédant au temps des œufs, la cueillette de fruits sauvages. C'est une activité de femmes que d'" aller aux graines ". Cependant, avant de partir pour la journée, il faut s'assurer de la température. Le mauvais temps ne doit pas mettre en péril le séchage de la morue. Les fruits que l'on cueille sur les îles, et autant sur la côte, sont les fraises, les framboises, les bleuets, les pabinas, les graines rouges (airelles Vigne-d'Ida), les plaquebières et les groseilles. Une bonne journée peut rapporter jusqu'à six gallons de fruits. Lorsque cette activité se déroule sur la côte, les femmes peuvent marcher plusieurs milles avant d'atteindre les " talles " désirées.

Les îles servent aussi à nourrir les animaux d'élevage. En effet, c'est principalement là que l'on y prend le foin. On vient le ramasser tard à l'automne pour permettre aux animaux de passer l'hiver.

Dans un tout autre contexte, et bien des années plus tard, des activités religieuses se déroulent sur l'Île Nue de Mingan entre autres. Parfois, c'est l'évêque du comté qui vient y chanter la messe. Tous les gens du village y sont présents. Les piques-niques sont une autre activité fort populaire auprès des gens. Habituellement, plusieurs familles se rendent sur l'Île Nue de Mingan le dimanche afin d'y pratiquer cette activité.

Dates et événements importants


Il y a de cela plusieurs dizaines d'années, le village peut compter sur la présence de sages-femmes pour aider aux accouchements. Au tout début, les femmes qui exercent cette " profession " ne sont pas payées. Elles le font par pur plaisir de mettre au monde un enfant. Au cours des années, elles finissent par se mériter un maigre salaire de 5 dollars par accouchement. Les seuls instruments que celles-ci possèdent sont leurs mains. L'hiver, on vient chercher la sage-femme en cométique (traîneau tiré par des chiens). L'été, le chemin se fait à pied.

La première chapelle est construite en 1888-1892. Avant que celle-ci ne soit érigée, à l'occasion des différentes missions religieuses, les cérémonies se déroulent dans certaines maisons du village. La construction de l'église a lieu en 1906.

Depuis longtemps, la scolarité est importante pour les gens. Mais selon les époques, son importance varie. Ce n'est qu'en 1884 que l'on initie un début de système scolaire. Ceux qui fréquentent l'école, qui n'est qu'un hangar à l'époque, n'y sont pas obligés. C'est seulement à partir de 1901 que la présence à l'école est obligatoire pour les enfants âgés de 8 à 13 ans. Lorsque l'on voyait passer un jeune avec son sac sur le dos en plein milieu du mois de février, on ne se posait pas de question. Il venait d'avoir ses 14 ans... La première école est construite en 1913.





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Mis à jour le 25 janvier 1998